la scène se déroule dans la luxueuse villa corse de Johnny H. Il y a là le gratin du show-biz et des belles lettres. Quelques acteurs porno sont en représentation au bord de la piscine tandis que Nestor sert le champagne à la vitesse de la lumière derrière le comptoir dressé dehors.
Johnny me prend par l’épaule et me parle tout bas. Je sais qu’il me flatte même si je ne comprends rien de son langage aux sonorités italo-flamandes.
Nous nous retrouvons au pied d’une immense scène dressé en contrebas. Je devine qu’il m’invite à monter avec lui et jubile à l’idée de partager ce concert avec lui.
Devant nous, une foule immense se presse au pied de l’estrade, poussant des hurlements d’impatience.
« C’est à toi » me dit-il avant de disparaitre par une trappe qui, sitôt refermée, n’est plus visible.
Une guitare à la main, ruisselant de sueur et de trouille, je me lance dans l’interprétation d’A Day in the Life des Beatles.
Sauf qu’aucun son ne sort de ma bouche, et je n’entends aucun retour de ma guitare. Les hurlement d’impatience du public innombrable se muent une seconde en un silence hébété, avant que la colère ne gronde.
Je sors mon iPhone de ma poche pour appeler à l’aide, mais l’écran affiche « service en maintenance, repassez plus tard ». De rage, je jette téléphone et guitare sur les premiers spectateurs arrivés sur la scène pour, je le sais bien, me casser la figure.
Je hurle, toujours aussi aphone, et trépigne ridiculement comme si je dansais la danse de la pluie.
C’est alors que Johnny apparait, me prend dans ses bras et invite l’assemblée, qui s’exécute aussitôt, à m’applaudir. Puis à l’oreille il me confie : « j’adore les blagues ».
Sale con.