Debout sur le trottoir, dos au tabac, je regarde la Grand rue en pente qui conduit à la cale. La petite voiture bleue qui descend lentement et passe sous mon nez, c’est moi qui la conduit. A la recherche d’une place.
Je prends à droite, fais un tour de pâté de maison en remontant, puis redescend la Grand rue. Je me vois, depuis le tabac, freiner à soixante mètres de la cale. C’est beau, la mer est calme. M. est sur le siège passager, qui s’agace que nous ne nous garions pas.
Moi, mon moi conducteur, je recule et refais un tour de pâté de maison, pour me diriger de nouveau vers la cale. Et de m’arrêter à quarante mètres cette fois. La mer est moins claire, on devine un léger clapot. Je refais un tour de pâtés de maison, c’est fun.
Dans le même temps, j’observe depuis le tabac ces manœuvres, ce jeu puéril, me disant qu’à force il pourrait bien m’arriver malheur. La voiture bleue ne cesse de descendre la route et de freiner à chaque fois plus près du bord de l’eau.
De retour derrière le volant. Une dernière fois, juste une dernière fois, freiner au dernier moment… Mais trop tard. La voiture glisse lentement, comme aspirée par une mer avide et soudain calme (rassasiée ?). Après m’être assuré que M s’est extraite du véhicule et est remontée saine et sauve sur la berge, j’entreprends de sortir la voiture de l’eau, en vain.
On ne joue pas au con avec la mer.