Cette plage paradisiaque de Corse est déserte. La mer, lisse comme du marbre poli, reflète un ciel orange.
Assis sur un pot de chambre, je compte les grains de sable entre mes pieds. Centaines, milliers, millions, billions, je suis inlassable.
Un ombre interrompt soudainement mon dénombrement : un arbuste imposant se dresse face à moi. Son odeur est celle du maquis.
Il me caresse les cheveux de ses branches et me propose de venir goûter ses herbes.
Fasciné, je me lève et me tiens au milieu d’une infinité d’arbustes odorants. Suivant son invitation, je picore des feuilles que je mâche lentement, consciencieusement. Elles ont un goût amer mais divin.
Le vent se lève et une rumeur naît et se multiplie en parcourant les branches. Je me penche pour écouter plus attentivement et entends : « il mange les herbes du Marquis, vivaré, vivaré ».
Au matin, je reste songeur.