Le consultant qui nous a réuni pour ce sit-down porte un énorme turban vert sur le crâne. Ses vêtements amples, bouffants même, chatoient, et les babouches de cuir rouge à multiples clochettes qu’il porte à ses pieds lui confèrent un air majestueux de prince oriental. Tous assis sur des coussins de nuage, nous l’écoutons attentivement.
Il pérore d’une voix fluette, tel un oiseau guilleret dans une cage aux barreaux invisibles, citant sans cesse Gilles et sa fameuse méthode chinoise. Un malaise croissant s’installe dans la salle, nous nous regardons d’un air incrédule avec mes collègues. Je crois que personne ne comprend ce qu’il dit.
Nous voyant ainsi, le Sultan s’interrompt, hausse les sourcils, bombe le torse d’un air emprunté et fait glisser ses mains sur son costume de haut en bas puis de bas en haut pour souligner la douceur des tissus qui le composent. Il affirme avec le plus grand sérieux : « N’oubliez jamais Soupline ». Éclat de rires général.
Les collègues et moi nous levons tous en même temps et nous donnons la main, puis dansons en ronde autour de lui dans un joyeux brouhaha. Interloqué, notre chef de cérémonie se met à gesticuler de rage, alimentant notre joie qui se mue vite en hilarité moqueuse. Et tous d’entonner le même refrain sur l’air d’une comptine : « La méthode à Giiiill-eu, pour être souple et iiiiin-eu ».
La pensée qui me vient au réveil est que j’ai vraiment besoin de vacances.