Nous sommes sous le préau de l’école primaire d’Eaubonne. Je suis joyeux, je me sens léger, car je vais avoir un enfant. Et d’annoncer la grande nouvelle à P.
Il se tourne vers moi avec un grand sourire et me dit : « moi aussi, j’ai un bébé. Veux-tu le voir ? ». A peine ai-je acquiescé qu’il sort de son manteau un grosse boite ronde en métal de bonbons Quality Street, dont il retire délicatement le couvercle. Je sursaute en voyant à l’intérieur de la boite, reposant sur du coton hydrophile, un foetus recroquevillé alongé sur le flanc. Il a la taille d’un pouce et sa peau luisante lui donne l’apparence d’une fêve de galette des rois.
Je suis horrifié. S’ensuit avec P. un débat sur l’avortement, et je suis troublé au réveil par ce sentiment d’avoir compris intimement la position de l’Eglise.
Un profond malaise m’envahit, qui dure tout le matin suivant.