Mars en ballon

Le feu est là, derrière, qui bruisse et lèche mon dos de ses multiples langues. C’est agréable cette chaleur sur la peau chair de poule.

Il est l’heure de partir. J’enfourche mon ballon de course, celui que j’ai gagné au dernier mondial. Je chevauche les toits de cette ville orientale, toits plats, rateaux d’antennes, cordes à linge, mobilettes, paraboles, toutes les nuances de rouge sont représentées, tiens, comme sur Mars, exactement comme sur Mars.

D’ailleurs, j’y suis, sur Mars. Rien de surprenant que ces couleurs, donc.

J’aballonne sur un terre-plein en terre battue. Un nuage de poussière s’envole et me fait tousser. Une vague odeur de tabac. Un bruit blanc qui se répète de loin en loin. Un silence de mort qui s’abat. M’oppressant.

Je fuis ce lieu à toutes jambes, essouflé, crachant, éructant d’antiques malédictions araméennes. La fin est proche, je le sens à l’odeur poivrée qui assaille mes sens et m’ennivre, je m’évanouis.

Réveil dans une salle blanche. Je suis attaché à une table. Un rotofil ronronne à mes oreilles. J’aperçois un déflateur neutronique juste avant que n’apparaisse le scalpel en céramique, blanc, neutre, menaçant, dans la main du Docteur Andreux, barbichette grise et lampe frontale, enserré dans sa ridicule blouse bleue d’ouvrier de la Mort.

Je me débat mais rien ne bouge. Je hurle mais pas un bruit ne sourd. S’il m’ouvre, le Docteur trouvera mon trésor ! Il me l’enlèvera ! Je serai moins qu’une  dépouille : une dépouille dépouillée. Autant dire une poule mouillée.

Le réveil sonne opportunément.

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